…. ou les coulisses du voyage à vélo en Nouvelle-Zélande.
Manger, dormir, grandir, discuter, découvrir, s'ennuyer, travailler, jouer, ….
« Emballe – pédale - déballe » disait Alice en se levant l'autre matin ! Voici quelques informations et anecdotes en vrac sur notre petit quotidien nomade.
Dormir …
En Nouvelle-Zélande, la toile de tente abrite à nouveau toutes nos nuits ou presque. A 45 ans passés nous arrivons encore à nous réveiller pas trop fourbus après une nuit sur un matelas de 2 cm d'épaisseur ! Guillaume nous dit : « l'autre matin, je me suis réveillé avec la tête de Clémentine sur mes fesses ; elle s'était trompée d'oreiller ! »
Clémentine : « Anaëlle prend toute la place la nuit : elle met ses jambes sur moi, et quand je la pousse, elle grogne. »
L'autre soir, Anaëlle s'est endormie en jouant, avec la lampe frontale allumée sur la tête. Heureusement, que Clémentine s'en est rendu compte ; elle lui a doucement retiré du front. Chacun a trouvé sa place pourtant, et les parties de rigolade au moment où il faudrait dormir sont fréquentes.
Et puis, changement notable : fini la chasse au moustiques avant de se coucher, fini les piqûres qui démangent en pleine nuit ! Nous réutilisons nos duvets et dormons au frais. La tente des enfants est celle qu'il y a 15 ans déjà nous avions eue comme cadeau de mariage.... elle a beaucoup servi, et est maintenant très fatiguée. Par temps de pluie, il peut y avoir quelques fuites.
Se laver …
Sur ce sujet là, l'approche est très variable d'un individu à l'autre ! Dès qu'on arrive dans un camping, Guillaume inspecte les sanitaires et son verdict est rapide. La douche est un incontournable, un moment très important, cause de bonne ou de mauvaise humeur ! Pour les filles, c'est plutôt une contrainte ou une perte de temps … « encore ! Je me suis déjà douchée avant hier ! ». Si ça peut vous rassurer, on peut se laver tous les jours ou presque ! Finies les douches froides de Nouvelle-Calédonie, les douches à pommeau électrique d'Amérique de Sud, voire les jours sans se laver. Ici, ça coule bien et bien chaud.
S'installer …
30 mn en moyenne pour monter 2 tentes et tout déballer : là nous avons gagné en efficacité. Tout le monde met la main à la pâte, chaque chose a une place bien précise : les casques dans une abside, les sacoches vides dans une autres, les sacoches d'habits dans les tentes, etc …. Nous avons même battu notre record en ne mettant que 20mn un soir où nous étions particulièrement pressés
Plier bagage …
Là, c'est moins glorieux. C'est difficile de partir tôt … Il nous faut 2 bonnes heures pour être prêts, et il reste toujours une petite bricole à ranger quelque part quand tout est attaché aux vélos. Alors on ré-ouvre la sacoche déjà ouverte et fermée 5 fois pour essayer d'y glisser une polaire qu'on s'est décidé à retirer au dernier moment. Juste avant de partir, il y en a souvent un ou une qui n'a pas encore mis de crème solaire, ou qui a envie de faire pipi, ou bien qui cherche ses lunettes de soleil … Il y a aussi très souvent d'autres voyageurs qui viennent discuter le bout de gras sur le coup des 10h … Nous avons réussi une fois à partir à 4h15 du matin, en Nouvelle-Calédonie (bus à prendre), sinon notre « plus tôt » est autour de 9h30, et bien souvent on décolle (façon de parler) vers 10h30.
Le rythme des journées ….
En Nouvelle-Zélande, le soleil a repris un rythme qui nous est plus naturel. Fini le grand jour à 5h du matin, ici le soleil émerge vers 7h30 et se couche vers 20h. Par contre, les néo-Zélandais dînent à l'heure à laquelle les argentins sortent de la sieste (vers 18h), les magasins et musées ferment quand ceux des argentins ré-ouvrent (vers 17h30). Bref, on essaye de s'adapter !
Sujet de discussion récurrent et toujours pas résolu : comment faire pour partir tôt et s'arrêter tôt ? Quand nous pédalons, la plupart du temps le trajet se termine vers 18h … Nous avons maintes fois essayé de décaler nos journées pour finir vers 15h, tout en ayant tout de même parcouru au moins une cinquantaine de kilomètres, mais … Nous n'y arrivons pas beaucoup. Il y a souvent une bonne raison de s'arrêter pour un pique-nique, une petite pause ou une photo.
Sur la route …
Fini les poubelles, les canettes de bière et les couches culottes sur le bord de la route ! Les cadavres d'animaux les ont remplacés …. Plus ou moins écrabouillés, plus ou moins desséchés, ils nous dégoûtent et nous essayons de les éviter.
Fini aussi, les « bonjour » enthousiastes de Nouvelle-Calédonie ou les coups de klaxon des sud américains. Ici, les automobilistes nous doublent souvent sans sourciller, et sans forcément ralentir non plus. Ils voient tellement de voyageurs à vélo que notre présence n'a pas vraiment de quoi les surprendre !! Heureusement, il y en a quand même quelques uns qui nous sourient et nous saluent très gentiment.
Finies les côtes toute en douceur d'Amérique du sud. Ici, comme en Nouvelle-Calédonie, quand ça grimpe, ça grimpe souvent raide. Clémentine et Alice mettent alors pied à terre pour pousser leur lourd véhicule, et Anaëlle saute du tandem pour venir à la rescousse. Ceci dit, nous avalons les côtes avec beaucoup plus de facilité qu'au Pérou. Mine de rien, nous avons gagné en puissance !
Physiquement, on ressemble à quoi ???
Nous n'avons jamais été aussi sveltes et musclés ! Que du muscle et presque plus une once de gras …. Certains pourraient nous trouver un peu maigrichons …nous, on trouve ça plus aérodynamique ! Côté bronzage, les bras, le visage et les mollets sont toujours bien colorés. Le dessus des mains aussi. Par contre, curieusement, les 2ème et 3ème phalanges des doigts sont un peu plus pâles … Allez savoir pourquoi ?
Précision importante pour les mamans et grands-mamans : les enfants ont grandi. La preuve, il a fallu racheter des chaussures et des habits !
Côté coiffeur, nous avons laissé tombé … Nous nous sommes acheté une paire de ciseaux, et Alice a ouvert un salon de coiffure en plein air avec vue sur la mer, à Curio Bay.
Que fait-on en pédalant ? …
Appuyer sur les pédales, ça occupe mais il faut occuper la tête aussi. Anaëlle assaille son papa de questions, et gare à lui s'il ne répond pas ! « Tu m 'écoutes papa ? », « Ca monte Anaëlle ; je pousse sur les pédales moi ! », « Tu pourrais quand même me répondre ! » … Parfois, Jean-François a les 3 enfants à ses trousses : « Comment a commencé l'univers ? », « et tu crois qu'on pourrait avoir un alpaga à la maison en rentrant ? », « Il faut faire combien d'années d'études pour être kiné équin ? ». Les sujets de conversation ne manquent pas ! Tout y passe ou presque : les pays, les climats, les jeux vidéo, les métiers divers et variés qui les font rêver, les animaux bien sûr, et puis aussi, tout ce qu'on envisage de faire en rentrant. La liste est très très longue !! Il va falloir être patients et fixer des priorités : trouver 3 chatons, installer un hamac dans le salon (comme en Amérique du sud), faire un potager pour chacun (comme Candide …), faire des jus de fruits (comme en Bolivie), décorer sa chambre avec les milliers de coquillages, tissus et autres objets récoltés, etc ...
En pédalant, Guillaume invente des chansons (paroles et musique) qu'il oublie rapidement, Clémentine repère les oiseaux, et maugrée quand elle trouve la route trop longue. Anaëlle invente des histoires et voyage dans une autre dimension … Le petit jeu en Nouvelle-Zélande est de bêler tous en cœur dès que nous voyons un troupeau de moutons. Et ici il y en a souvent des moutons !!! C'est gagné quand les moutons s'arrêtent tous de brouter pour décamper en masse.
Les rencontres
Comme vous avez pu le lire dans les articles, nous avons été invités à plusieurs reprises. Même s'il y a, en Nouvelle-Zélande, beaucoup plus de voyageurs à vélo, nous sommes toujours accueillis chaleureusement. Ce qui est amusant aussi, c'est de voir que nous « inspirons » les petits jeunes. Et oui, à 25/30 ans, on a l'angoisse de ne plus pouvoir voyager une fois devenus parents. Alors, de nous voir, ça les rassure : « quand on vous voit, on se dit : c'est nous plus tard !», « how inspiring » (ça c'est pour les anglophones ) etc. En réponse, on leur dit que ce ne sont pas des vacances... et qu'on leur prêterait bien nos 3 zouzous quelques jours ... « vous savez, ils pédalent bien et peuvent porter lourd ! ».
Est-ce qu'on arrive à lire ?
Oui, grâce à nos 3 kobo : liseuses électroniques qui se sont bien remplies en bouquins de toutes sortes. Jean-François s'est lancé dans la série des Rougon-Macquart d'Emile Zola. Il y en a plus de 20 ! Il a également commencé « Effondrement » de Jared Diamond, ou l'analyse de la disparition de certaines sociétés.
Clémentine est incollable sur la mythologie grecque ; Ulysse, le Minautore, Pégase et compagnie font partie de ses héros préférés ! Elle lit aussi tous les contes qui lui tombent sous la main, d'Andersen aux Milles et une nuit en passant par ceux de Grimm. Ca tombe bien, c'est au programme en 6ème !
Anaëlle a lu le Petit Prince et tout un tas d'histoire pour enfants de 8-10 ans. Elle réclame des histoires qui font peur et préfère quand même quand il y a quelques illustrations.
Guillaume est notre plus grand dévoreur de livres … Après la série des Sherlock Holmes, il s'attaque désormais aux Jules Verne, et se passionne pour l'île mystérieuse. Sans compter qu'entre temps, il lit ou relit ceux de ses sœurs, en attendant qu'on lui télécharge autre chose.
Alice a découvert George Sand, la vie d'Arthur Rimbaud, a relu Candide, et s'est immergée dans « 20 000 lieux sous les mers ».
Curieuse coïncidence, nous avons tous lu des récits de voyage … Candide, Ulysse, Sindbad, le capitaine Nemo, le Petit Prince, Rimbaud… les voyages sont rarement de tout repos … tient donc !
Qu'est-ce qu'on mange ?
Nous ne mangeons pas, nous dévorons ! En Nouvelle-Zélande, nous avons à nouveau accès à toutes sortes de gourmandises : chocolat, fruits secs, barres de céréales … Fini le poulet-riz-patates ou la sopita à tous les repas. Fini aussi le temps où l'on comptait 3,5 parts pour 5. Maintenant, nous sommes capables d'avaler 6 « fish and chips » à 5 sans problème, et avec une glace en guise de dessert.
Les fruits de la passion de Nouvelle-Calédonie et les délicieux jus de fruits de Bolivie, ont été remplacés par les pommes … et ça nous va bien aussi.
Avant d'aller au Népal, nous faisons le plein de viande, légumes, fromage, vin, chocolat, charcuterie, céréales, … Ici, on trouve tout ce qu'on veut à des prix comparables à ceux qu'on a en France.
Quand nous bivouaquons, c'est toujours Jean-François qui cuisine. Ca nécessite d'avoir le courage de sortir même par grand froid alors que les autres sont au chaud sous la tente. Mais cela demande aussi de très hautes compétences culinaires pour faire des soupes instantanées, des pâtes ou du riz. Il envisage de s'inscrire à « Master Chef ». Il faut savoir aussi utiliser le réchaud à essence avec un préchauffage qui fait des flammes de 20 cm de haut et met de la suie partout. Par contre, dès que nous avons une vraie cuisine (dans quasiment tous les camping), Alice reprend les commandes !
Est-ce qu'on s'ennuie ?
Ben oui, évidemment, ça nous arrive aussi ! On s'ennuie de notre famille, de nos amis, de nos activités professionnelles et culturelles, de notre cher Cantal. On s'ennuie à cause de la « routine » ou parce qu'il n'y a pas assez de jouets … parce que cette fichue montagne au loin ne se rapproche pas assez vite, parce que la dernière côte n'est jamais la dernière, parce que ça ressemble trop à des paysages connus, parce qu'on en a parfois marre de toujours raconter la même chose aux gens qu'on croise juste 5mn ... Allez, nous voyons d'ici vos mines perplexes et vos regards désapprobateurs … Ne vous en faîtes pas, ça ne dure pas bien longtemps et c'est juste normal !
Et l'école dans tout ça ?
Ah ! L'école ! D'une manière générale, ce n'est pas facile de travailler régulièrement, et encore moins tous les jours. Vous verriez la mine déconfite et agacée des enfants quand on leur dit : « Allez, à 10h, école ! ». Ils nous répondent souvent (alors qu'ils n'ont pas bossé depuis 3 ou 4 jours) : « déjà ! On n'a pas eu le temps de jouer ! Pourquoi pas en fin d'après-midi ? En ce moment, les copains ne sont pas à l'école ! ». C'est sûr, avec 10h de décalage horaire, ils sont en plein sommeil quand nous en sommes à la mi-journée ... ». L'école, c'est quand même mieux avec de vrai profs, de vraies maîtres ou maîtresses, une classe toute entière, une cour, des récrés. Imaginez un peu les cours sur la reproduction sexuée tout seul ! C'est pas drôle ! Guillaume et Clémentine utilisent les cours du CNED ; ils sont très bien faits, mais trop denses souvent. Nous faisons un peu de tri pour qu'ils puissent avancer sans se décourager. Clémentine en avait marre de faire des révisions à n'en plus finir ! Heureusement pour elle, ça commence à se compliquer un peu. Guillaume se tient informé auprès de ses copains pour savoir s'il est à peu près dans les temps …et il peste parce que le CNED a déjà changé 2 fois les séquences de français. On ne s'y retrouve plus ! Anaëlle a le même support de maths que les élèves de sa classe : c'est plus simple. Elle est bien au point pour les divisions, mais il faudrait répéter les tables de multiplication un peu plus souvent, et Il lui reste encore des pas mal de choses à apprendre en français … Tous les 3 aiment faire des dictées, et avoir des notes …. Ca aussi ça leur manque : allez comprendre pourquoi ?!
Bon, voilà, vous en savez assez comme ça ! Ou plutôt, si notre quotidien de nomades vous intrigue, si vous avez des questions indiscrètes à nous poser, nous vous attendons au prochain tournant, du côté de Singapour où nous sommes arrivés le 18 au soir après 11h d'avion. Le 22, nous reprenons l'avion pour Kathmandou, à la découverte d'un nouvel univers.
Nous vous dirons prochainement comment nous avons réussi à rejoindre Auckland alors que les moyens de transports manquaient cruellement, où nous sommes restés nez à nez et bouche bée face à un magnifique tigre, qui sont les kiwis qui nous ont très gentiment accueillis chez eux, ce qui nous a épatés à Singapour, etc ….
A très bientôt.