Bonjour à tous
Vous êtes visiblement impatients de découvrir la Nouvelle-Calédonie !!! A vrai dire, nous nous sommes posés la question : ne serait-il pas indécent de vous montrer les merveilles ensoleillées que nous voyons depuis 3 semaines, à vous qui êtes dans la neige et le froid ? Alors, bon courage et bon voyage au pays des merveilles ...
Après les hauteurs, les grands froids et les solitudes andines, les Faurefive méritent bien quelques vacances ! Nous voilà aux antipodes, sur une île du Pacifique, là où les températures ne descendent pas en dessous de 5°C, où la neige n'existe pas.
La Nouvelle-Calédonie, c'est bien sûr des plages de sable blanc, une faune et une flore marines exceptionnelles. Mais c'est aussi une chaine intérieure luxuriante et escarpée, la culture kanake très présente et la curiosité pour nous de découvrir ce que c'est que la "France" d'outre-mer. Rassurez-vous, nous passons du temps à la plage, mais nous n'oublions pas pour autant nos chers vélos.
Nos premiers jours se passent tranquillement à Nouméa. Nous sommes hébergés "comme chez nous" chez la famille Cazé. Heureusement qu'Hélène et Nicolas sont très accueillants, car Nouméa est le point de passage obligatoire entre toutes nos excursions dans les différentes parties de la Nouvelle-Calédonie, et nous allons passer pas mal de temps chez eux !!! C'est bien agréable aussi pour les enfants de retrouver des jeunes français de leur âge, de pouvoir jouer avec eux, de lire leurs BD... Et puis ici ce sont les grandes vacances ! Nous échangeons aussi beaucoup sur la Nouvelle-calédonie et sur d'autres pays de la région.
Pour des cyclistes, Nouméa, ce n'est pas franchement le paradis : une ville avec énormément de circulation, des côtes (au sens montées) bien raides et à peu près aucune piste cyclable. On sent que les cyclistes ici, ne sont pas la priorité ! La ville elle-même n'est pas fascinante mais le bord de mer est magnifique. il y a des baies de tous côtés et quelques plages agréables. Le loisir local, c'est clairement l'eau sous toutes ses formes. Nous en profitons pour faire nos premières baignades avec palmes, masques et tuba (PMT) et sans aller très loin, c'est déjà superbe : coraux et poissons multicolores. Guillaume s'initie à la planche à voile : quand on tombe c'est moins frais qu'en Bretagne ! L'eau est agréable, environ 27°C, juste assez fraiche pour se rafraichir un peu.
Après quelques jours à Nouméa, nous partons pour une boucle dans la partie sud de Grande Terre. Nous prenons 4 jours de ravitaillement et nous ne pourrons pas faire plus. Car pendant ces 4 jours, nous ne verrons ni village, ni commerce. Nous comprenons déjà que la Nouvelle-Calédonie est très déséquilibrée : le grand Nouméa, c'est 160 000 habitants (les 2/3 de l'île), avec tout ce qu'on peut trouver dans une ville française de cette taille. Ailleurs, c'est la brousse, les montagnes, les côtes avec seulement des petits villages et une économie tribale quasi autosuffisante. Nous changeons notre programme au dernier moment : de grands incendies se sont développés dans la zone que nous devions rejoindre le soir même, et le Parc de la Rivière Bleue est fermé au public. Nous inversons donc le sens de notre boucle en espérant que dans 3 jours, les incendies seront maîtrisés et que le Parc sera réouvert. Cette inversion a aussi une autre conséquence : nous abordons le col de Crève-coeur, dont tout le monde nous parle, dans le "mauvais sens".
En effet, finis les cols longs mais peu inclinés des Andes, ici on fait dans le court mais raide : environ 15% sur 2-3 kilomètres. C'est pas long mais avec le poids des bagages, c'est dur. Guillaume arrive à enchainer, les filles montent beaucoup à pieds et Jean-François fait des allers-retour pour monter le vélo de Clémentine en plus du tandem.
Heureusement, les paysages sont très beaux, notre petite route serpente au milieu des collines et d'une végétation inconnue pour nous. Il faut dire, et c'est la grande fierté des calédoniens, qu'ici 80% des végétaux sont endémiques. Il y a de la forêt sèche, de la forêt humide, des zones de maquis minier. Les autorités locales sont conscientes de ces richesses et de nombreux parcs et réserves naturelles ont été créés. Une chose formidable aussi, c'est que partout l'eau est propre et pure. Dès que l'on voit le moindre ruisseau, la moindre étendue d'eau on sait qu'on peut s'y baigner en toute confiance. Et c'est bien plaisant car il fait chaud !!! Enfin, à part les moustiques (et les conducteurs saouls et/ou canabisés) il n'y a pas de bestioles dangereuses en Nouvelle-Calédonie. On peut donc camper sauvage sans inquiétude.
A part nous et quelques touristes, les seuls utilisateurs de cette route sont les travailleurs des mines de Nickel. En effet, la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie, c'est le Nickel ! D'immenses mines à ciel ouvert (nous rassurons les enfants, ici c'est pas comme en Bolivie) sont implantées un peu partout dans l'île. On dit que tout habitant a au moins un membre de sa famille qui y travaille. C'est bien payé et cela contribue sûrement au coût élevé de la vie (nous y reviendrons).
Après une nuit de camping sauvage, nous dormons à la réserve naturelle de la chute de la Madeleine. Il y a un camping exactement comme nous les aimons : un faré (abri en forme de hutte) pour se protéger du soleil avec une table, une douche (froide), un W-C et seulement 10 emplacements. Tout cela au bord d'une rivière avec un ponton pour accéder à l'eau. Le rêve. En arrivant, nous demandons à la gardienne du camping s'il y a possibilité de trouver du pain dans le coin. Elle nous dit qu'il n'y en a pas, pour revenir une demi-heure plus tard et nous offrir deux baguettes et des palmiers !!!
Le lendemain, nous roulons jusqu'au parc régional de la Rivière Bleue. 3 km avant l'entrée, nous tombons sur un feu qui a dû se déclarer quelques minutes auparavant. Il est déjà impressionant et borde la route. Le vent est dans le bon sens et il n'y a pas encore trop de fumée alors nous pouvons passer.
Nous voyons des automobilistes qui donnent l'alerte. Peut-être un mégot jeté d'une voiture et des hectares vont brûler. Anaëlle est très impressionnée et nous demande longtemps si nous ne risquons rien... A l'entrée du parc, ils vont fermer et nous sommes les seuls à entrer. La gardienne, elle aussi, nous donne spontanément des viennoiseries. Nous roulons alors que le soir tombe et nous allons camper tous seuls en bord de rivière. Les paysages sont magnifiques : forêt noyée, lac de Yaté, rivière bleue et rivière blanche. Nous croisons quelques cagous, oiseaux symboles de la Nouvelle-Calédonie. Curieux symbole qu'un oiseau gris qui ne vole pas ! Mais celui-là aussi est endémique ! Désolés, pas de photo car il commence à faire un peu sombre ! Le lendemain, nous nous promenons dans le parc : nous voyons le kaori géant, un arbre (endémique !!!) vieux de 1000 ans. Tout est très bien aménagé, ni trop, ni trop peu. Et nous rentrons un dimanche soir sur Nouméa au milieu des voitures des familles revenant de week-end. Difficile de passer inaperçus ! Les gens ne sont pas trop habitués à voir des vélos dans les collines de l'île, alors ils sont impressionnés par nos "exploits" et nous sommes interpelés, les "bonjour" fusent.
Après une nouvelle pause à Nouméa, nous repartons pour l'île des pins. 2h30 de bateau pour aller au paradis ???
Nous passons 4 jours sur cette île, dans un petit camping donnant sur une plage. Plages de sable blanc, cocotiers, pins colonnaires (d'où le nom de l'île, petit test complétez le mot suivant : les pins colonnaires sont end..........), douceur de vivre. 4 jours de farniente à aller observer les petits poissons, les coraux, à ramasser des coquillages. Nous irons à l'aquarium naturel, bras de mer peu profond et très clair où les poissons sont partout.
Nous passons 2 très belles journées à la plage de la baie de Kanumera : sable très fin, eau délicieuse et jolis poissons multicolores.
Puis nous visitons les vestiges du bagne et l'émouvant cimetière des déportés. En effet en 1871, de nombreux communards (puis plus tard des kabyles) ont été déportés sur l'île des pins. Après leur amnistie, certains s'y sont installés, mais nombreux sont morts sans jamais revoir leur patrie.
Le dernier jour, nous allons à nouveau être témoins d'une des conséquences du tourisme mondialisé. Depuis 2-3 ans les autorités de l'île (entendez par là, le grand Chef) ont donné l'autorisation à des tours opérateurs de venir faire mouiller leurs bateaux de croisière à l'île des pins. Nous avons eu des chiffres divergents, mais il semble qu'environ un jour sur deux, un paquebot de 2 ou 3000 passagers (australiens surtout) venant de Sydney, débarque sur cette île qui elle-même ne comporte que 3000 habitants.
Et là, pendant une journée, c'est le grand cirque. Les baies, très tranquilles la veille, deviennent des piscines surpeuplées, les coraux sont piétinés et détruits. En bord de plage, les habitants montent des stands de nourriture où les prix (élevés) sont en dollars australiens, effectuent gauchement quelques danses "traditionnelles". Plusieurs habitants trouvent que c'est un bon revenu pour l'île et que ça "occupe" les jeunes qui avant faisaient beaucoup de "bêtises". Mais ils conviennent aussi que 15 fois par mois, c'est vraiment trop et qu'à moyen terme, les coraux seront détruits, les poissons moins nombreux, .... sans parler de l'évacuation des déchets.
L'île des pins est face à son destin, entre enrichissement rapide, à court terme, et développement plus lent mais plus respectueux de l'environnement et des personnes. Espérons que de bons choix seront faits même si, comme nous l'a murmuré une habitante, ces choix sont contraires aux intérêts personnels des chefs traditionnels de l'île....
En Nouvelle-Calédonie, le seul truc difficile, c'est la chaleur et l'humidité. Nous ne sommes pas à la meilleure saison, il fait toujours chaud même la nuit, et l'humidité, même s'il ne pleut pas beaucoup, est assommante. Et bien sûr ce sont les conditions dont raffolent nos amis les moustiques. Allez, je vous entends d'ici "ils vont pas se plaindre tout de même !". Si si !
Un autre point difficile pour nous, c'est le coût de la vie. La nourriture entre autres, est très chère. Et, une fois de plus, nous nous interrogeons sur certaines absurdités : l'économie de la planète ne tourne pas rond !!! Ici, les fruits sont hors de prix. Oui oui, des fruits locaux qui poussent tout seul (à 10 km du supermarché) comme les bananes, sont à 4 euros le kilos, plus chers que les fruits importés de Nouvelle-Zélande (qui n'est pourtant pas un pays où la main d'oeuvre est bon marché). Il parait que les produits venant de la métropole sont subventionnés. Ce qui conduit à des choses incroyables : lors de notre tour dans le sud de l'île, nous sommes passés devant les sources de Mont Dore (rien à voir avec le Puy de Dôme), l'eau est libre d'accès et il y a une usine d'embouteillage. On peut acheter cette eau dans les supermarchés de l'île. 2 km plus loin, nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord d'une plage. Une famille kanake, à côté de nous, pique nique aussi mais avec une bouteille d'eau ....d'Evian ! Sur l'île des Pins, impossible d'acheter des fruits ou des légumes !!! Nous espérions des orgies de fruits tropicaux et de poissons... quelle déception ! C'est assez incroyable de voir, dans ces petites épiceries, des alignements de conserves de mangues !!! Mais aussi d'haricots, des fruits au sirop et des boites William Saurin (désolé pour la pub) de choucroute, de raviolis !!! A Nouméa, il y a les grandes enseignes françaises partout. On y trouve donc exactement les même produits que chez nous mais deux ou trois fois plus cher ! Heureusement, Hélène et Nicolas ont des pommes lianes (fruits de la passion) dans leur jardin et on trouve de bons poissons au marché de Nouméa.
Vous l'avez compris, la Calédonie n'est pas que Paradis ! Mais, pour autant, nous nous régalons et commençons même à prendre le rythme des tropiques ...
Allez, encore une belle image avant de vous quitter ... ce coucher de soleil vu du Betico, l'unique bâteau qui transporte les calédoniens dans les îles.
L'article qui suit va paraître très prochainement ... avec du bleu émeraude et des enfants bronzés .... Notre excursion à Lifou nous a émerveillés ; nous y serions bien restés un peu plus longtemps !