La Quiaca, 1er décembre,
Nous vous écrivons depuis l'Argentine. Eh oui, il nous en a fallu du temps, mais ça y est nous avons passé la frontière le dernier jour de novembre.
Avant de poursuivre, nous allons d'abord vous rassurer sur la santé de Clémentine.
Elle va nettement mieux. Les blessures cicatrisent, sa main va très bien. C'est le genou droit qui est le plus long à se remettre mais elle peut à nouveau pédaler, pour l'instant « avec assistance » (nous l'aidons surtout dans les côtes), mais ce devrait être seulement l'affaire de quelques jours avant qu'elle ne puisse pédaler à nouveau toute seule. Le moral est très bon.
Nous sommes donc en Argentine et à dire vrai, nous avions un peu hâte de découvrir ce nouveau pays. Un peu plus de modernité, un pays qui (a priori !) fonctionne mieux, un peu moins au ralenti, ça fera du bien à tout le monde. Mais ne croyez pas que nos derniers jours en Bolivie ont été pesants. Au contraire nous avons passé une petite semaine fabuleuse à découvrir les paysages extraordinaires du Sud Lipez et du Salar d'Uyuni. Cela fait beaucoup de superlatifs mais ils sont justifiés tant nous avons eu l'impression pendant ces quelques jours d'être sur une autre planète.
Nous n'allons pas vous faire une chronologie détaillée, peu importe les noms de tous les endroits que nous avons vu. Ce qui reste, c'est l'émerveillement, l'incrédulité presque devant ces paysages si uniques.
Le Sud Lipez est une région volcanique, aride, constellée de lacs, de déserts de sable ou de sel. A l'écart des axes, avec seulement de mauvaises pistes, très peu peuplée, il nous aurait été très difficile de la parcourir en vélo. Nous l'avons donc visitée en 4x4 avec Jaime notre guide et Sala notre cuisinière (grand luxe non ?). Ce furent 4 jours éreintants notamment pour les enfants (levers à 4h ou 6h chaque matin) mais inoubliables.
Chaque site est un enchantement . La présence de minerais (bore, arsenic, soufre etc.) donne aux lagunas des couleurs incroyables, rouge, verte, jaune, blanche .
Elles sont peuplées de nombreux flamands roses. Les volcans sont l'occasion d'un cours de géologie en direct, certains sont encore fumants, nous avons aussi vu des fumerolles bouillonnantes, des montagnes aux couleurs pastel. Et tout cela dans une lumière si pure, à plus de 4000m d'altitude.
Le Salar d'Uyuni est plus connu, il est tout simplement le plus grand désert de sel du monde. Presque un quart de département français d'une étendue parfaitement plate et d'une blancheur aveuglante. Vraiment, une autre planète ! Pour mieux en profiter nous nous sommes faits déposer en plein milieu, sur l'île d'Incahuasi.
Cette petite île est peuplée de cactus allant jusqu'à 10 m de haut, sachant qu'ils grandissent d'un cm par an, faites le calcul, les plus grands ont mille ans. Nous avons ainsi pu pédaler environ 70km sur le Salar et y bivouaquer. Pédaler sur le Salar, c'est assurément le fantasme de tout cycliste : la planéité absolue, à peu près aucune circulation, la liberté de zigzaguer, de rouler en fermant les yeux (il paraît qu'il y a eu une pub pour une voiture tournée là il y a quelques années avec Ray Charles au volant). On ne s'est pas privé !!! Quant au bivouac, comment dire … c'est le plus grand terrain de camping du monde, pas de voisin, des lumières incroyables à nouveau, des ombres de 100m de long au coucher du soleil, l'impression de dormir sur une banquise chaude et l'occasion de bien s'amuser. Comme tout le monde, nous nous sommes pris au jeu des photos truquées en utilisant la perspective parfaite des lieux.
Et puis, où donc aller se cacher pour aller faire un petit pipi ? Et puis, connaissez vous un endroit où on peut s'éloigner à des kilomètres sans risque de se perdre ? Un milieu incroyable donc mais hostile aussi, l'altitude, le sel, le blanc aveuglant nous ont bien agressé la peau.
De la sortie du Salar, nous avons moins rigolé sur les 20km de piste pourrie qu'il a fallu parcourir pour rejoindre la ville d'Uyuni, mais cela en valait la peine vraiment.
Autour de Tupiza, les paysages sont splendides aussi : canyons, formations rocheuses aux couleurs chatoyantes … ça nous changeait bien du reste de la Bolivie et c'était un avant-gout de l'Argentine.
De Tupiza, il ne nous restait plus que 90km à faire pour rejoindre l'Argentine. A Villazon, village frontière côté bolivien, grande émotion, nous avons récupéré un colis envoyé par les parents d'Alice et qui, arrivé début novembre à La Paz, a mis un mois pour nous retrouver ! Cela dit ça marche … le même jour les parents d'Alice nous ont annoncé avoir reçu (en bon état) un colis de nous contenant notamment un charrango (petite guitare bolivienne typique). Bref si certains ont envie de nous envoyer des rillettes, un jambon entier ou un jéroboam de bon Bordeaux, ça peut s'arranger !!!
Il nous reste encore à vous raconter nos impressions sur la Bolivie, les bloqueos, le censo et les villages perdus.
A bientôt. Pensez bien à faire vos listes pour le Père Noël et couvrez-vous bien. On essaie de vous envoyer un peu de chaleur, on en a parfois trop ....