Au commencement ...

"Partir un an autour du monde à vélo".

Tout a commencé il y a bien longtemps, quand, jeunes mariés, Alice et moi sommes partis en voyage de noces pendant 8 mois. C'est là que l'idée a germé : "un jour, quand on aura des enfants, on partira faire un grand voyage autour du monde !!!"

De l'idée qui germe jusqu'à la réalisation il y a un sacré écart ! Notre "truc" a été de toujours en reparler. De faire des petits voyages avec les enfants, pas forcément très loin, mais de les habituer à l'incertitude, à l'inconfort, au plaisir de l'inconnu et du nomadisme.

De l'évoquer parfois sous forme de boutade, le lac Titicaca, le Popocatepelt, Ouagadougou, sont passés du statut de nom rigolo à destination mystérieuse où nous iront peut-être un jour.

Nous voulions attendre que les enfants soient assez grands pour être "acteurs" et non pas "suiveurs" de ce voyage. Donc, cela voulait dire en reparler et attendre mais en étant vigilants de ne pas attendre trop longtemps et de rater le coche.

Et puis, un jour il y a environ deux ans de cela, nous nous sommes dit : "c'est maintenant ou jamais". GLOUPS ! là c'est plus de la théorie, ça devient concret et c'est là qu'il ne faut pas flêchir alors que tout s'y oppose : une vie agréable (pourquoi la bousculer ?), le fait de ne plus être dans un environnement de voyageurs, un risque financier, arrêter l'école et les activités, et globalement devoir un peu remuer des montagnes pour un projet "risqué" (et si c'est trop dur ? si on en a marre au bout de quelques mois etc.).

Les enfants, bien sûr, ont été associés en premier.

Pendant des mois, seuls Alice et moi étions au courant. Nous en parlions, oui mais en secret, en évitant les choses trop évidentes.

La voiture est au bout du rouleau, elle chauffe dès que ça monte ? "Oui, mais les enfants, on a pas trop envie d'acheter une voiture maintenant ..."

"Papa, Maman, la chatte de la voisine a eu des petits" "Oui, mais les enfants, on a pas trop envie de reprendre un chat maintenant ... " etc.

Nous attendions leur réaction avec impatience mais crainte aussi. Leur enthousiasme nous a réconfortés. Bon, à dire vrai, nous ne sommes pas sûr qu'Anaëlle du haut de ses 8 ans réalise tout à fait.

Mais pour les deux grands, 11 et 13 ans, ça parle.

En vrac : un an sans les copains, un an sans aller à l'école, sans Nutella, sans faire de musique. Un an à visiter le monde, à voir des animaux extraordinaires, à manger des trucs bizarres, à pas se laver tous les jours. Un an toujours avec les parents (pour le meilleur et pour le pire), un an avec des côtes et des descentes, beaucoup de nuits sous la tente, de moments de doute, de bonheur, de folie.

Et pourtant malgré toutes ses pensées contradictoires, leur réaction a été le grand enthousiasme. Enthousiasme qui depuis (on leur en a parlé l'été dernier) ne s'est jamais démenti.